Si vous suivez l’un ou l’autre des circuits proposés dans l’Aube autour des lavoirs, vous serez peut-être surpris de l’homogénéité des dates de construction. En effet, la plupart d’entre eux datent de la seconde moitié du 19ème siècle.
Pourquoi ? Serait-ce la conséquence d’une évolution des techniques de lessivage ou d’innovations liées à la révolution industrielle ? Pas vraiment, la raison première est liée à une volonté politique sous la Seconde république pour enrayer les crises sanitaires à répétitions liées à l’utilisation d’une eau de qualité médiocre. A cette fin, le 03 février 1851 sera publiée la « Loi relative à la création d’établissements modèles de bains et lavoirs publics ». Cette loi avait pour objet d’inciter les communes à créer ce type d’établissement. Celles-ci s’engageaient à payer les deux-tiers des dépenses, le reste étant financé par l’État. Pour bénéficier de cette aide, les communes devaient faire valider le projet avec plans et tarifs par le Ministère de l’agriculture et du Commerce. Les préfets, chargés de diffuser l’information sur leur territoires, recevait notamment un guide donnant de nombreuses informations sur la question et notamment des plans et commentaires sur des lavoirs « modèles » mise en place en Grande-Bretagne (Loi p.86 – Annexe pour les préfets p.118 et suivantes)
Si les lavoirs suivent souvent un plan identique, force est de constater une variété dans la forme de bâtiments. Celle-ci s’explique notamment par les modes d’alimentation en eau utilisables par la commune. On peut distinguer des lavoirs « au fil de l’eau », souvent munis de planchers réglables ou de pierres à laver en gradins pour s’adapter au mieux à la hauteur de l’eau, des lavoirs « passerelle » construits au dessus d’un cours d’eau étroit ou au niveau d’une source, des lavoirs dits à « impluvium » ou le toit comprend une ouverture (le compluvium) qui permet de diriger les eaux de pluie dans le bassin.
Les lavoirs du 19ème ne sont généralement pas à ciel ouvert. Les matériaux utilisés dépendaient des disponibilités et sans doute aussi de la richesse de la commune. Dans l’Aube, bois et briques sont largement utilisés. Les bâtiments protégeaient plus ou moins les lavandières du vent et du froid. On peut voir des lavoirs de type « halle », avec parfois une ou deux des parois en briques, des lavoirs en « cage » c’est à dire avec un bâtiment fermé ou semi-fermé. Certains comprenaient même comme à Bérulle une cheminée.
Les lavoirs n’étaient pas toujours rattachés à la terre ferme. Sur les rivières de quelque importance comme l’Aube et la Seine, on trouvait également des bateaux-lavoirs. C’était le cas à Troyes « Cours Jacquin », à Arcis-sur-Aube et à Nogent-sur-Seine qui en a connu jusqu’à trois. L’un deux, le bateau-lavoir « des remparts », vient d’être reconstruit à l’identique afin de servir de lieu culturel dans cette ville.