Moulins : petite typologie des usages
Qui pense moulin, pense céréales et farine… Effectivement, qu’il soit à vent ou à eau, le moulin et son meunier étaient un rouage essentiel d’une production alimentaire où le pain figurait en bonne place. De nombreux moulins étaient donc dédiés à cet usage. Possédés par les Seigneurs laïques ou religieux, ils étaient souvent banaux* et vus comme un investissement rentable pour leurs propriétaires.
Mais l’alimentation humaine était loin d’être leur seule utilité… L’eau étant la principale source d’énergie utilisable jusqu’à la révolution industrielle au 19ème siècle, les moulins ont accompagné le développement de nombreuses industries.
Voici une liste des différents usages relevés lors de nos recherches sur les moulins de l’Aube. Elle n’est pas exhaustive ! Si vous connaissez un moulin utilisé à d’autres fins, n’hésitez pas à nous en faire part.
Des moulins pour l’alimentation :
Humaine : à farine (blé, méteil, orge…) / à huile / à moutarde / vermicellerie
Animale : à broyer le fourrage
Des moulins pour l’industrie de l’habillement :
Industrie textile : à fouler les draps, à blanchir les draps, à broyer le chanvre, filature à coton, filature à laine, à crin végétal.
Industrie du cuir : à tan (ou foulon à écorce), à chamoiser
Accessoires : à bouton de nacre
Des moulins pour travailler le métal :
Forge hydraulique, pointerie, clouterie, tréfilerie, à émoudre taillants, à émoudre faucilles.
Des moulins pour le travail du bois :
Scierie hydraulique
Des moulins pour l’industrie du papier :
A papier d’imprimerie, à papier d’emballage, à papier à cigarette
Des moulins pour le travail de la pierre :
A plâtre, scierie hydraulique, à billes
Des moulins pour l’armement :
A poudre
Des moulins pour l’énergie électrique :
Production d’électricité (dès 1868 à Courteron !)
Très souvent un même moulin servait à différents usages. En effet, lorsque dans les textes anciens, il est question de « moulins » il s’agit le plus souvent de plusieurs roues intégrées dans un même bâtiment appelé aussi usine. Chaque roue peut être dédiée à un usage différent. Dans l’Aube, les moulins les plus fréquents sont à blé, à fouler les draps, à tan (ou foulon à écorce) et à papier.
De même au cours du temps, un même moulin peut charger de destination. Ainsi, les moulins Notre-Dame à Troyes ont été à papier et à blé, puis à écorce et blé puis à nouveau à papier, puis une filature de laine, puis à crin végétal avant de redevenir à blé au 19ème siècle.
*moulin banal : se dit d’un moulin que le Seigneur doit entretenir et mettre à disposition des habitants de son territoire. En contrepartie, ceux-ci sont contraints de moudre à ce moulin précis au prix décidé par le propriétaire. La banalité a été abolie en France le 13 juillet 1793.
(V. Lacour)